Là, c'est le blues .... Vitalie s'ennuie, tout lui échappe ... Son fils, son village, ...
Que nous réserve le cinquième et dernier volet ?
Mystère ...
Si vous avez manqué les premiers volets de cette Nouvelle, voici les liens :
1er volet :
http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/09/mille-et-un-petit-tracas-de-vitalie.html
2ème volet :
http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/10/mille-et-deux-petits-tracas-de-vitalie.html
3ème volet :
http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/10/mille-et-trois-petits-tracas-de-vitalie.html
Blog de l'Auteur :
http://kimcat1b58.over-blog.com/
Désirée
sait que je m’ennuie dans mon village qui compte à peine trois cents
âmes. Elle ne m’envie pas du tout. Il faut que les choses bougent autour
d’elle. Elle s’éclate trop dans sa ville savoyarde. A presque cinquante
ans, elle se dévoue corps et âme à ses fils et à ses élèves.
Phénomène
curieux et inexpliqué, les filles Pierrelys n’ont eu que des fils. A
nous trois, quatre garçons répondent à l’appel dont le mien Cyprien qui
fêtera ses trente ans l’année prochaine. Seule Claire n’a pas
d’héritiers. C’est bien elle finalement la plus veinarde. Elle est libre
comme l’air. On dit bien enfant petit, petit souci et enfant grand,
grand tourment. J’ai eu mon lot de chagrins. J’ai beaucoup aidé Cyprien
quand il était dans la mouise jusqu’aux sourcils et maintenant qu’il est
tiré des griffes du diable, il nous ignore. A cet égard, mon rejeton
est bien ingrat. Depuis cinq ans, depuis qu’il est avec sa Julie, il ne
donne pratiquement plus de nouvelles et ne daigne pas franchir le seuil
de notre porte ; de surcroît il faut avoir la malchance de vivre à Trou
d’Enfer, rue de la Folie !
Pour ce jeune homme élevé à la campagne et
devenu citadin, nous ne sommes plus que des culs terreux et bouseux
sans importance. C’est comme une grosse épine qu’on lui a enlevé du pied
pour fuir plus vite son petit patelin maudit ; il est révolu le temps
où une Charlotte rigolote chantait : « Allez hop, tout le monde à la
campagne ! »
Mon
village a deux cent quatre-vingt dix-huit habitants recensés, moi y
comprise. Trou d’Enfer ne possède ni église, ni même un petit commerce.
La mairie-école-foyer, place de la Bascule est le seul bâtiment public.
Huit rues aux noms insolites qui dessinent vue du ciel une araignée :
rue de la Folie (la mienne), rue de la Sorcellerie , rue de la Montée du
Paradis (en hommage à Lucifer, cet ange déchu par Dieu qui chuta du
Paradis à jamais perdu et descendit en Enfer ; voilà le prix à payer
lorsqu’on ose se rebeller contre le Tout-puissant), rue des Gargouilles,
rue des Fées, rue des Palefreniers, rue de Dieu (une nécessité pour
conjurer le mauvais sort), rue du Gît-le-Cœur et la rue Sans Nom (les
anciens ont dû avoir peur de donner un nom à cette rue où le ruisseau
Dame Blanche prend sa source au pied d’un vieux moulin délabré). Avant
1800, Trou d’Enfer était un village à part entière avec un donjon, un
colombier, un pigeonnier et des écuries. Aujourd’hui il ne reste
pratiquement plus rien, il ne subsiste que des ruines d’une petite
chapelle romane abandonnée en lisière de forêt. Depuis 2006 il n’y a
plus d’école primaire, les gens préférant scolariser leurs enfants
ailleurs. En 2003, il avait fallu envisager sa fermeture, car le nombre
d’élèves ne cessait de baisser.
Cela me fait mal au cœur de constater an après an que notre petit village se meure à petit feu. Une population vieillissante entraîne un déclin démographique irréversible. Il serait temps de « donner de l’air » aux banlieues surpeuplées et de stopper là la désertification des campagnes. Mais comment lutter contre la désertion rurale ?
Faudra-t-il ouvrir un sex-shop comme dans certaines contrées pour attirer le client ?Non certainement pas, on n’ira pas jusque là ; on ne se couvrira pas de ridicule. Ça ferait désordre. En tant que conseillère municipale, je m’y opposerais farouchement. Il y assez de vices et de vicelards de par le monde.
Cela me fait mal au cœur de constater an après an que notre petit village se meure à petit feu. Une population vieillissante entraîne un déclin démographique irréversible. Il serait temps de « donner de l’air » aux banlieues surpeuplées et de stopper là la désertification des campagnes. Mais comment lutter contre la désertion rurale ?
Faudra-t-il ouvrir un sex-shop comme dans certaines contrées pour attirer le client ?Non certainement pas, on n’ira pas jusque là ; on ne se couvrira pas de ridicule. Ça ferait désordre. En tant que conseillère municipale, je m’y opposerais farouchement. Il y assez de vices et de vicelards de par le monde.
Auteur : Béatrice Riot
(Écrivain)
Une réflexion que beaucoup d'habitants de petits villages désertés peuvent se faire.Je comprends son inquiétude. Belle soirée , bises Chantalou
RépondreSupprimerDrôlerie et pourtant sujets graves , c'est là tout le talent de Béatrice .
RépondreSupprimerAh! l'ingratitude des enfants!!! Oui ça fait parfois mal , mais il faut se consoler en se disant que ce sont des personnes qu'on a bien connues petits ! Mais parfois l'âge ou la Vie les font revenir...
Bises à toi Chantaloup .
C'est vraiment excellent ! En plus d'être drôles, les textes de Béatrice nous invitent à la réflexion, car il est vrai que la désertification des campagnes est un vrai problème qu'il est grand temps de régler.
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